"Discours des Martyrs"
Un hommage vibrant aux martyrs et aux victimes de la révolun appel à l’unité pour poursuivre le combat contre l’oppression au Sénégal.
Ousmane Sonko
12/8/20256 min read


Chers compatriotes,
frères et soeurs de douleur et d'espérance,
familles endeuillées dont le cœur saigne encore,
anciens détenus politiques dont l'esprit n'a jamais été capturé,
blessés courageux qui portaient dans votre chair la vérité de notre histoire.
Aujourd'hui, je ne vous parle pas seulement comme président de PASTEF, encore moins comme premier ministre.
Je me tiens devant vous comme un frère marqué, façonné par les mêmes larmes, les mêmes injustices, le même rêve brisé et reconstruit.
Nous sommes réunis pour honorer ceux qui ne reviendront plus, ceux dont les rires ont été étouffés par la brutalité d'un système qui a voulu écraser un peuple debout.
Le Sénégal se souvient, le prix de notre liberté.
Aujourd'hui, le Sénégal s'arrête, le Sénégal se recueille, le Sénégal se souvient.
Nous nous souvenons de chaque visage, de chaque nom, de chaque vie interrompue ou brisée.
Ces jeunes, ces étudiants, ces citoyens ordinaires sont sortis dans les rues, non pas par violence, mais par amour viscéral pour leur pays et par refus absolu de l'injustice. Leur seule arme était leur droit, leur seul bouclier était la constitution.
Aux familles des martyrs, chères mères, chers pères, frères et sœurs éplorés, la nation toute entière partage votre douleur.
Vos enfants ne sont pas des statistiques, ce sont des héros. Leur courage a ébranlé les murs de l'oppression.
La dignité face à la répression a ouvert la voie au changement historique que nous vivons. Leur don de soi ultime pour la patrie est notre dette éternelle. Votre enfant n'est pas mort pour rien. Il a été victime d'un système qui a choisi la répression au lieu du dialogue.
La justice, la vraie, viendra.
L'État veillera à ce que chaque responsabilité soit établie, que chaque dossier soit élucidé.
Nous vous devons la vérité.
Nous vous devons un pays digne du sacrifice de vos enfants.
Aux anciens détenus politiques et aux blessés, à vous qui revenez des ténèbres, à vous dont le corps raconte l'histoire mieux que n'importe quel commentaire, vos cicatrices sont des décorations nationales.
Votre dignité dans l'abîme a guidé tout un peuple vers la libération, vers un nouveau souffle.
Vous êtes les drapeaux vivants de la résistance sénégalaise.
PASTEF du cri du peuple au choix du peuple.
PASTEF n'est pas né dans un bureau climatisé pour une ambition politicienne. PASTEF est né d'un cri. Un cri poussé dans les diasporas, les quartiers populaires, les campagnes, les consciences réveillées d'une jeunesse qui refusait la résignation.
Notre mouvement a grandi porté par une idée simple mais révolutionnaire, celle de xémarchandiser la politique et de construire un Sénégal gouverné par et pour ses fils et ses filles selon des principes intangibles de travail, d'éthique et de fraternité dans la justice, la transparence et la souveraineté.
Persécuté pour ses idées, nous avons été dissous, arrêtés, diffamés, emprisonnés, insultés, calomniés, tués.
Mais chaque oppression a renforcé notre conviction.
En fermant nos portes, ils ont ouvert nos cœurs.
En fermant nos portes, ils ont ouvert nos cœurs. En emprisonnant nos corps, ils ont libéré nos consciences. Nous étions un cri du peuple, nous sommes devenus son espoir puis son choix.
Mon engagement est né d'un serment ancien, ne jamais supporter l'injustice.
Ancien inspecteur des impôts et domaines, j'ai vu des mains vendre la patrie. J'ai vu la trahison des élites.
Ce jour-là, j'ai fait le choix, celui de ne jamais détourner le regard, celui de ne jamais me soumettre. Sincèrement, m'a mené vers le syndicalisme puis vers la politique, puis vers vous, puis vers la radiation, puis vers la persécution et les brimades, puis vers les tribunaux, puis vers la prison, puis enfin au pouvoir. Comme nos martyrs et comme tous ceux qui sont ici, j'ai connu la cellule, la disqualification, la diffamation, la fin extrême.
Mais je n'ai jamais cédé car ma force venait de vous.
Si je suis aujourd'hui Premier ministre, c'est parce que vos voix m'ont porté. C'est parce que vos voix nous ont porté. Parce que vous avez refusé d'abandonner. Et je ne suis pas votre chef, je suis votre mandataire.
La main qui signe est votre main.
La voix qui parle est votre voix collective.
Honorer nos martyrs ne consiste pas seulement à pleurer ou à les célébrer une fois par an. Il consiste à bâtir :
La vérité et la justice sans compromis.
Élucider les événements, les responsabilités établies.
La page de l'impunité tournée.
Aucun nom ne soit oublié.
Aucun dossier ne soit enterré.
La construction d'un État juste, réformer les institutions en profondeur pour qu'elles servent les citoyens, non des intérêts particuliers. Et l'économie de la dignité, mettre en œuvre le projet économique de Pastef, par la création d'emplois, l'industrialisation, la valorisation de ressources pour le peuple, nos richesses financent notre avenir, nos écoles, nos hôpitaux.
La jeunesse est héritère et cœur battant du pays. Investir massivement dans l'éducation, la formation et l'entrepreneuriat.
Pour la mémoire des victimes et celle de tous les combattants contre l'oppression politique et les libertés. J'ai reçu d'ailleurs deux propositions différentes, venant d'un architecte et d'un homme de culture, tous deux sénégalais, l'une pour l'érection d'un mémorial des victimes, l'autre plus large encore pour l'édification d'un panthéon de la démocratie sénégalaise qui est plus qu'un simple hommage, serait un acte fondateur. Une manière de dire que notre république ne tolérera jamais plus que des citoyens tombent pour avoir simplement exprimé leurs convictions.
Car honorer les martyrs de la démocratie, c'est affirmer que le Sénégal vous demeurait fidèle à sa devise. Il nous faut protéger cette révolution. L'un des intervenants l'a dit ici. Il porte exactement le nom de mon homonyme. Il l'a dit. La révolution vient de commencer. Et toute révolution connaît des soubresauts à ses débuts.
Toute révolution connaît ses plus gros risques à ses débuts. Et c'est maintenant qu'il nous faut être vigilants. Chacun d'entre nous, vous, ceux qui se sont battus, quelle que soit leur fonction dans le parti, leur grade, les citoyens lambda qui ne sont même pas membres du parti mais qui ont cru à ce discours de Pastef les Patriotes.
Nous avons tous à protéger la révolution du 24 mars qui n'a pas démarré le 24 mars mais qui ne s'est pas achevée surtout le 24 mars. Le plus grand danger qui nous guette aujourd'hui n'est plus la répression d'hier. Le plus grand danger qui nous guette c'est l'oubli. C'est l'endormissement. Nous n'avons pas le droit de dormir. Nous n'avons pas le droit de trahir la mémoire des nôtres, particulièrement ceux qui nous ont quittés.
Je lance donc un ordre. Je me permets aujourd'hui pour la première fois de lancer un ordre. L'ordre du devoir sacré à la grande famille patriotique. Cet ordre, c'est de consolider la grande armée civique de Pastef avec l'objectif 2 millions d'adhérents actifs en fin 2026. Chaque carte est un engagement pour la démocratie, pour la liberté, pour la réussite du projet. Cet ordre, c'est la vitalisation de 10 000 cellules de Pastef et de vigilance citoyenne dans chaque quartier, chaque village, soyez les sentinelles de l'éthique, de la bonne gouvernance et de la souveraineté.
Cet ordre, c'est de redynamiser un mouvement de service, ce qui fait notre ADN.
Reprenons les camps de dons de sang, que le sang versé soit remplacé par le sang donné pour la vie.
C'est de reprendre les opérations de nettoyage des places publiques, soutien scolaire gratuit, solidarité active.
Soyons en permanence auprès au service des populations.
Restez solidaires du parti Pastef les Patriotes dans le don de soi pour la patrie.
Chers camarades ou chers frères, un pouvoir qui oublie sa base se perd. Un parti qui oublie son éthique meurt. PASTEF doit rester la conscience vivante de la nation. Une référence en Afrique par la force de ses idées et l'exemplarité de son action.
Pour cela, nous nous appuierons sur les valeurs qui sont notre ciment :
La fraternité,
La solidarité,
Le travail acharné,
Une éthique inébranlable.
Chers frères et sœurs, je le dis devant l'histoire, les martyrs ne sont pas derrière nous, ils marchent devant.
Je sens leur souffle ici, je sens leur regard posé sur nos épaules. C'est devant eux, devant vous, devant notre conscience collective que je prends ce serment.
Nous n'échouerons pas.
Nous ne faiblirons pas.
Nous ne trahirons jamais.
Nous ne les trahirons jamais.
Nous construirons ce Sénégal souverain, juste et prospère, brique après brique.
Nous le construirons ou nous périrons en essayant.
Pour la mémoire des martyrs, pour la dignité retrouvée, pour le Sénégal souverain.
Vive les martyrs de la liberté.
Vive la résistance sénégalaise.
Vive le Sénégal aujourd'hui, demain et pour toujours.
Je vous remercie.